Faits sur : Cyprinodon diabolis
Cyprinodon diabolis est une espèce menacée de poissons de la famille des Cyprinodontidés, vivant dans le trou du Diable, un point d'eau dans le désert d'Amargosa qui est protégé au sein du parc national de la vallée de la Mort. C'est la plus petite espèce du genre Cyprinodon du désert, mesurant en moyenne 19 mm. Il s'agit aussi de l'une des espèces de poissons dont la répartition connue est la plus limitée au monde : l'unique trou d'eau où on peut en trouver fait moins de 10 m2.
Description
La durée de vie de ce poisson est comprise entre 10 et 12 mois. L'espèce témoigne d'un dimorphisme sexuel. La couleur du mâle est globalement marron foncé, mais ses flancs montrent des reflets Iridescents bleu métallique. Chaque nageoire est noire à sa terminaison. La femelle a des couleurs qui tirent davantage vers le jaune que le mâle. Les Cyprinodon diabolis peuvent se reproduire dans une eau jusqu' à une température de 45° C.
Répartition
Le Cyprinodon diabolis est localisé à un seul endroit dans le monde : à Devils Hole, dans le Nevada, au Etats-Unis, une petite grotte située à 730 m au-dessus du niveau de la mer.
Écosystème
Il y a environ 10 000 ans, la région située à 400 km au nord-est de Los Angeles était couverte de lacs et de ruisseaux. Devils Hole ne connaissant aucun écoulement en eau, venu des sources voisines, les poissons auraient donc colonisé le lieu entre 10.000 et 20.000 avant J.-C. Puis l'eau s'étant retirée, les poissons sont restés prisonniers.
Le trou du Diable est une caverne calcaire aquifère possédant un puits géothermique avec une eau estimée à 32°C en 1983, au moins jusqu'à une profondeur de 27 mètres. A partir du niveau de l'eau, la grotte s'enfonce jusqu'à un peu plus de 130 mètres. En 2015, une étude évaluait à 15 le nombre maximum le nombre d'espèces invertébrés, dont le Cyprinodon diabolis, qui y vivaient.
Image: Pacific Southwest Region USFWS from Sacramento, US / Public domain / fr.wikipedia.orgProtection
Il s'agit d'une des espèces animales les plus vulnérables au monde, d'après une étude scientifique publiée par la Royal Society en 2014. Le réchauffement climatique notamment les menace d'extinction rapporte une étude de l'université du Nevada à Reno publiée la même année.
Dans les années 1960 et 1970 le niveau de la nappe phréatique, pompée par des agriculteurs, a commencé à baisser. La Cour suprême des États-Unis a donné raison aux défenseurs du poisson en 1976. Toute la zone a été transformée en sanctuaire, mais depuis le début des années 1990, la population, autrefois de 500 poissons, décroît à nouveau.
Les autorités américaines ont installé un dispositif de grillages, de barbelés et de détecteurs de mouvement afin de protéger des intrus ces animaux qui ne vivent qu'au lieu-dit Devil's Hole, un affleurement de la nappe phréatique aux confins de la Vallée de la Mort (ouest des États-Unis). Depuis, Cyprinodon diabolis est l'un des poissons les plus surveillés au monde. L'eau de Devil's Hole est bardée de capteurs pour déterminer son niveau, sa composition chimique et la production d'algues, la principale nourriture du poisson. Des plongeurs descendent dans la mare, dont la profondeur dépasse 150 m, afin de compter les individus.
Le dispositif de protection n'a pas empêché, le 30 avril 2016, l'intrusion de trois personnes alcoolisées de pénétrer illégalement à l'intérieur de la zone. Ils ont tiré des coups de feu sur le matériel scientifique, vomi dans le lieu et abandonné des cannettes. L'un d'entre eux s'est même baigné dans l'eau. Peu après leur passage, un poisson a été retrouvé mort (le dernier décompte était de 115 individus) sans que les scientifiques puissent lier ce décès à l'intrusion. Le Center for Biological Diversity avait offert 15 000 dollars de récompense pour la capture des vandales, qui ont été retrouvés par la police début mai. A leur procès en octobre 2018, l'un d'entre eux a été condamné à un an et un jour de prison pour vandalisme et pour avoir enfreint la loi de 1973 sur les espèces en voie d'extinction.
En mars 2018, des plongeurs sont intervenus pour retirer de l'eau des dytiques qui se nourrissaient des œufs des poissons.
En 2013, la population est tombée au niveau historiquement bas de seulement 35 individus. Grâce à un financement de 4,5 millions de dollars, un centre d'élevage a été ouvert début 2013 à proximité du trou du Diable. Ce milieu artificiel tente de ressembler le plus possible au trou du Diable. Des œufs de Cyprinodon diabolis ont été prélevés, 14 ont éclos et 10 alevins ont survécu. Il y avait donc un espoir de faire vivre ce poisson dans cet environnement contrôlé. Au printemps 2022, leur nombre total, en liberté et en captivité, était de 475.
Autres espèces proches du genre Cyprinodons
- Death Valley Pupfish, Cyprinodon salinus
- Shoshone Pupfish, Cyprinodon nevadensis shoshone
- Tecopa Pupfish, Cyprinodon nevadensis calidae (éteint)
- Owens pupfish, Cyprinodon radiosus (en danger)